Ce samedi soir à Epinal, il y avait foule pour accueillir Saint-Nicolas et le Père Fouettard. Pour les familles vosgiennes, c’est un rendez-vous immanquable, un patrimoine à transmettre aux enfants. Conviés par le Conseil Départemental des Vosges, nous étions aux premières loges du défilé de Saint-Nicolas, une tradition bien ancrée en Lorraine, plus largement dans le nord-est de la France et dans de nombreux pays voisins. Marie-Claude, habitante du centre-ville, nous a en effet ouvert les portes de son appartement avec vue sur la mairie et la place des Vosges. Elle nous y a reçus en amis.
Début décembre, la fête de la Saint–Nicolasà Épinalcompte parmi les plus grands rendez-vous du département avec pas moins de 60 chars, fanfares et artistes qui composent un cortège se déroulant sur trois kilomètres au cœur de la ville. Cette année, le froid et la pluie discontinue n’auront pas eu raison des inconditionnels du vieux monsieur à barbe blanche, toujours habillé en évêque et portant la mitre et la crosse. Petits et grands sont venus en nombre célébrer le protecteur des enfants et profiter du marché de Noël. Et c’est à quelques mètres de nous que Saint-Nicolas a fait son apparition sur les coups de 19 heures, faisant voler les friandises à son passage. Derrière lui, le Père Fouettard est également de la partie, simulant des coups de martinet. Un moyen à l’approche des fêtes pour rappeler aux enfants qu’ils doivent être bien sages… Comme le veut la tradition il a clôturé ce long défilé sous les huées de la foule.
Mais d’où vient cet attachement à Saint-Nicolas ? La légende raconte qu’un 6 décembre de l’an 1123, Saint-Nicolas est arrivé dans une auberge pour y passer la nuit. L’aubergiste est un homme mauvais, qui a pour habitude de battre ses trois enfants. Cette nuit-là, il les punit pour avoir osé manger un morceau de viande et les enferme au saloir, avec l’intention de les découper en morceaux le matin venu, les saler et les servir comme viande à ses clients. Pendant la nuit, Saint-Nicolas force la porte du saloir, place les trois enfants dans une cuve de bois et les emporte jusqu’à la rivière voisine où il laisse flotter la cuve au fil de l’eau. Un peu plus loin, il vit sur leur bateau un couple de mariniers qui, apitoyés, les recueille. Saint-Nicolas fait apparaître une bourse pleine de pièces d’or pour les mariniers qui élevèrent les trois petits comme leurs enfants. Ils devinrent eux-mêmes mariniers et chaque 6 décembre ils feront une fête en l’honneur de Saint Nicolas. Une fête devenue emblématique et qui permet depuis de nombreuses années de mettre en lumière un patrimoine bien vivant, celui des coutumes et des savoir-faire de la région. « Grand Saint Nicolas, moi j’aime bien le chocolat… » comme le dit la chanson. Cette grande fête est en effet liée aux friandises en chocolat que l’on offre aux enfants les plus sages. Notre périple dans le Grand Est nous a donc conduit chez les chocolatiers vosgiens les plus réputés.
La Maison Lamielle, chocolatiers de père en fils… et petite fille
« Ne croyez pas que le chocolat soit un substitut à l’amour… l’amour est un substitut au chocolat » tel est l’adage de la Maison Lamielle fondée par René Lamielle en 1964 à Epinal. Depuis plus de 50 ans, ce sont trois générations de chocolatiers (René, son fils Philippe et sa petite fille Océane) qui régalent les plus férus de chocolat avec plus de 150 créations devenues des best-sellers : Les fameux Spinadors en hommage à la ville d’Epinal (deux coquilles de nougatine fourrées au praliné chocolaté à l’ancienne) meilleure spécialité de France en 1978 et fabriqués à 100 000 pièces par an ; Les Contes de Fées (6 chocolats ganache avec des images d’Epinal posées dessus) meilleurs chocolats de France en 2000 ; les 7 pêchés capitaux (petits chocolats avec une lettre en beurre de cacao incrustée sur chaque chocolat) Trophée de la gastronomie française en 2003 ou encore les rondins des Vosges, les Spinamalt, les bouchées, les magies de Lorraine, les truffes, les griottes, les palets d’or, les bluets et bien d’autres… Pour notre plus grand plaisir, René et Philippe nous ont ouvert les portes de leur laboratoire où les effluves de chocolat et de sucre n’ont pas tardé à nous faire saliver. Ici, René, ancien enseignant de lycée hôtelier et intarissable sur le chocolat, transmet son savoir-faire et sa passion au quotidien. Et lorsque Philippe nous a invité à déguster une spécialité à base de trois noisettes enrobées de caramel et nappées de chocolat noir, ainsi que des bonbons à la bergamote encore chauds, personne ne s’est fait prier… deux pêchés de gourmandises à l’état pur ! Chez les Lamielle, tout est fait manuellement, y compris le conditionnement un à un de chaque chocolat. Un travail titanesque pour les petites mains de la maison qui fabrique pas moins de 9 tonnes de produits chocolatiers à l’année. Toujours en recherche de nouveauté, la Maison Lamielle vient de lancer la tablette de chocolat noir aromatisée à la spiruline produite dans les Vosges. Voilà un joli prétexte pour y retourner !
Maison Lamielle – 13 rue Rualménil – 88000 Epinal – www.chocolats-lamielle.com
Etape chez les Schmitt, chocolatiers de montagne
Du côté des Hautes Vosges, ça sent bon Noël sur les bords du Lac de Gérardmer. L’odeur de la ganache au poivre de Sichuan nous mène à la chocolaterie Pâtisserie Schmitt. Chez les Schmitt, le chocolat est aussi une grande saga familiale. Tous deux issus de familles de boulangers-patissiers, Jean-Emile et son épouse ont créé l’entreprise au cœur de la station de montagne en 1983. Leurs fils Jérôme, Barthélemy et Nicolas sont tombés dans le chocolat quand ils étaient petits et perpétuent le savoir-faire familial à Gérardmer mais aussi à Nancy. En cette période de Saint-Nicolas, le laboratoire tourne à plein régime pour produire en quantité, mais toujours de façon artisanale, toutes les gourmandises de fêtes. C’est Jérôme qui nous reçoit dans son atelier de fabrication : « Avant de rejoindre la pâtisserie de mon père je me destinais à la cuisine. L’appel du chocolat a été le plus fort… Nous sommes des artisans, et nous travaillons en fonction de la saisonnalité. Le fond notre métier est de faire les choses le plus proche possible de leur consommation. Ainsi, en ce week-end de Saint-Nicolas nous commençons à travailler les chocolats de Noël ». Pour répondre aux envies de la clientèle, père et fils ne lésinent pas sur les créations des plus classiques aux plus innovantes. Parmi les spécialités de la maison, le granit des Vosges (gianduja aux éclats de noisettes), l’oignons de Jonquilles (praliné amande noisette et nougatine enrobé de chocolat blanc) et le glaçon (praliné à l’ancienne enrobé de meringue). Les chocolatiers Schmitt sont membres de l’association Tradition Gourmande qui a pour objet, de réunir et promouvoir les pâtissiers, chocolatiers, confiseurs, boulangers et glaciers établis. Référencés parmi les 20 meilleurs professionnels français, ils ont également été récompensés en 2015 par un award des saveurs et en 2010 par celui des meilleurs chocolatiers de France décerné par le club de Croqueurs de Chocolat ainsi que 5 tablettes dans leur guide. Cette année c’est le jeune Rémi qui porte haut les couleurs la maison avec le titre de meilleur apprenti chocolatier des Vosges.
Schmitt Chocolatiers – 15 rue François Mitterrand – 88400 Gérardmer – www.schmitt-chocolat.com